Ça devait faire plus de dix que je n’avais pas ressenti aussi intensément le sentiment de rejet… C’est arrivé à un moment où je ne l’attendais pas, venant d’une personne très proche de moi de qui je n’aurais jamais cru cela possible.
Sur le coup, je suis parvenue à limiter les dégâts en relativisant ce qui venait de se produire. En fait, même si dans les faits il s’agissait d’un rejet, je me suis bien gardée de le vivre comme tel. Je comprends que cette personne ne me rejette pas moi, mais qu’elle rejette la situation et les émotions que lui font vivre la situation. Ça reste un rejet, mais il est moins douloureux.
Néanmoins, j’ai fini par la ressentir cette douleur… Elle est arrivée plus tard, quand j’ai ressenti le sentiment d’exclusion. Peu importe ce que l’autre rejette vraiment, le résultat est le même. Me voilà exclue de sa vie.
Ne plus faire partie de la vie d’une personne qui nous est chère, c’est ne plus partager les joies, les succès, les bons moments de sa vie. C’est souffrir en silence derrière la fenêtre, en observant cette personne heureuse sans nous, entourée des gens qui lui sont chers et qui comptent pour elle. Malheureusement, je n’en fait plus partie. La fête se poursuit sans moi (en tout cas, c’est ce que je crois…) Ça fait mal, mais ce qui fait encore plus mal, c’est quand des personnes très proches de soi sont eux conviés à cette fête.
La douleur est physique. C’est à l’intérieur de mon corps que ça fait mal. La douleur envahit tout mon plexus solaire et m’empêche presque de respirer.
Comment apaiser la douleur?
Que puis-je faire? Comment l’apaiser au plus vite? Je n’en veux pas moi de cette douleur… Pourquoi dois-je souffrir de la situation? Je n’ai rien demandé, moi…
Et comment puis-je éviter de la ressentir à nouveau dans le futur? Parce que bien évidemment, ce n’est pas la première fois que je l’éprouve cette douleur… Mais j’avais oublié à quel point elle était intolérable. Peut-être même que je m’en croyais à l’abri…
Cependant, aujourd’hui, je ne me sens plus aussi démunie face à elle que je l’étais adolescente ou jeune adulte. Heureusement pour moi, j’ai un peu de bagage et quelques outils dans mon coffre. Je suis aussi plus sage qu’à l’époque.
Mon chemin de vie m’a appris que face à la douleur on a deux choix : résister et lutter pour qu’elle parte ou l’accepter et se laisser envahir sans opposer de résistance.
Par expérience, je sais que le premier choix qui consiste à résister demande beaucoup d’énergie en plus de prolonger la souffrance. Cette résistance nous amène aussi dans des sentiments qui sont loin d’être remplis d’amour comme la colère, la haine, la jalousie, le désir de vengeance, etc. Très peu pour moi. Je refuse d’ajouter au supplice.
Le deuxième choix est pour moi le plus évident. N’opposer aucune résistance, accepter et me laisser envahir par la douleur. Je l’accueille. Je respire dedans. C’est une douleur familière. Je sais qu’elle n’est pas mortelle. Je me dis des mots apaisants, je réconforte ma petite fille intérieure. Je laisse passer la vague avec confiance. Surtout, j’évite de l’alimenter en entretenant des pensées négatives et en me faisant toutes sortes de scénarios. Je n’hésite pas à dire « stop » lorsqu’elles surgissent. Ensuite, je prends activement soin de moi et je laisse le temps faire son œuvre.
Et bien sûr, je réfléchis à la meilleure façon de faire profiter ma communauté de cette expérience de vie en attendant de découvrir le cadeau qui s’y cache pour moi.
Marie-Soleil
xxxx
Chere Marie Soleil,
Comment te rendre un peu de tout l’amour que tu nous donnes pour etre avec toi dans cette periode, te gater, te dire que tu es formidable et unique !
Tu nous aides tant malgre les milliers de kilomètres de distance et bien que tu ne nous ais jamais vues, tu sais ce qu’on ressent au moment ou on le ressent et tu sais quoi dire pour que ca fasse moins mal, et que ce soit finalement une occasion de se reconstruire en mieux.
Je n’ai malheureusement pas ton talent et tes qualités humaines extraordinaires pour pouvoir te rendre la pareille, mais saches qu’a des milliers de kilomètres je pense a toi et t’envoies tout mon amour et ma reconnaissance pour ton aide.
Et si tu as envie de faire une coupure au soleil tu es la bienvenue !
Un grand hug
Muriel
L’amour que je donne, je le reçois au centuple! Ce sont les témoignages de femmes comme toi qui donne de la valeur au travail que je fais, c’est ce qui me pousse à continuer!
Prends soin de toi! xx
A Noël passé j’ai vécu cette douleur atroce et j’ai augmenté mon poids de 10 livres. Enfant je me rappelle c’était une soirée d’hiver douce tous mes frères et sœurs jouaient dehors dans le noir ce qui était exceptionnel, une lumière les éclairait, moi j’étais seule et les observais derrière la fenêtre avec un rhume je suppliais ma mère en pleurant de me laisser sortir et elle a refusé. C’est la douleur la plus cuisante que j’ai vécu. Cette douleur m’a suivi comme une ombre dans ma longue vie de couple et lorsque mon ex est parti et se vantais de tout ce qu’il vivait sans moi c’était atroce.
Je te remercie d’en avoir parlé c’est la première fois que quelqu’un en parle de cette façon, maintenant je me sens comprise. Souvent j’en ai parlé je ne me sentais pas comprise. Pour moi c’est ma plus grande souffrance celle qui dépasse toutes les autres douleurs. Je suis de tout cœur avec toi. Un gros câlin à la petite Marie-Soleil qui a osé montrer sa vulnérabilité et un grand merci à toi.
Chère Suzette, ton témoignage me touche droit au coeur et me fait monter les larmes aux yeux. Le rejet est cruel et cuisant comme une brûlure. Il peut nous hanter longtemps. Un gros câlin également à la petite Suzette. Prends soin de toi. xxx
Justement juste hier soir avant de m’endormir je suis arrivée à ce petit chapitre dans ma lecture de Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche (traduction de Marthe Robert, éditions Club français du livre, 1958):
Sur les tourments que l’on peut ressentir dans ces situations,
sur le fait qu’il faut laisser aller, laisser sortir les sentiments négatifs tout en restant centré,
sur la manière dont la vie nous offre mille et un chemins qui nous mettent tour à tour dans le rôle de celui qui a le pouvoir dans la situation sur l’autre,
sur la beauté de la vie qui fait que nous ne nous dressons les uns contre les autres, que pour nous illuminer et nous élever chacun sur notre chemin :-)
Belle lecture de cette poésie passionnée de l’âme que nous offre Nietzsche,
Courage Marie-Soleil et courage à toutes!
Des tarentules.
Regarde, voici le repaire de la tarentule ! Veux-tu la voir elle-même? Voici sa toile : touche-la pour la faire frissonner. Elle vient de son plein gré : sois la bienvenue, tarentule ! Noir est sur ton dos ton triangle et ton signe ; et je sais aussi ce qu’il y a dans ton âme.
La vengeance est dans ton âme : là où tu mords se forme une croûte noire ; avec sa rancune ton venin fait tourner l’âme !
C’est ainsi que je vous parle en paraboles, à vous qui faites tourner les âmes, prédicateurs de l’égalité ! Vous êtes pour moi des tarentules pleines de rancunes cachées !
Mais je finirai par révéler vos cachettes : c’est pourquoi je vous ris au visage, de mon rire des hauteurs.
C’est pourquoi je déchire votre toile, afin que votre rage vous fasse sortir de votre caverne de mensonge et que votre vengeance apparaisse derrière vos paroles de “justice”.
Car il faut que l’homme soit délivré de la vengeance : ceci est pour moi le pont qui mène aux plus hauts espoirs, c’est mon arc-en-ciel après de longs orages.
Mais les tarentules veulent qu’il en soit autrement : “Quand le monde s’emplit des orages de notre vengeance, que ce soit là pour nous la justice – ainsi parlent entre elles les tarentules.
“Tous ceux qui ne sont pas comme nous, nous voulons nous venger d’eux et les couvrir d’injures” – tel est le serment que font en leurs coeurs les tarentules.
“Et encore : “volonté d’égalité”, c’est ainsi que nous nommerons dorénavant la vertu ; et contre tout ce qui est puissant nous pousserons nos clameurs ! ”
Prédicateurs de l’égalité, c’est le délire tyrannique de l’impuissance en vous qui réclame l’égalité ; vos plus secrets désirs de tyrans se masquent ainsi avec des paroles de vertu!
Vanité aigrie, jalousie rentrée, vanité et jalousie de vos pères : peut-être elles sortent de vous comme une flamme et une folie de vengeance.
Ce que le père a tu, le fils le proclame : et souvent j’ai vue dans le fils le secret du père révélé.
Ils ressemblent aux enthousiastes : mais ce n’est pas le coeur qui les enflamme – c’est la vengeance. Et quand ils deviennent subtils et froids, ce n’est pas l’esprit, mais l’envie qui les rend subtils et froids.
Leur jalousie les conduit aussi sur le chemin des penseurs : et ceci est le signe de leur jalousie – toujours ils vont trop loin : de sorte qu’à la fin, leur fatigue se couche dans la neige pour dormir.
Dans toutes leurs plaintes résonne la vengeance, tous leurs chants de louanges ont quelque chose qui fait mal ; et s’ériger en juges semble être le comble de leur félicité.
Or voici le conseil que je vous donne, mes amis : méfiez vous de tous ceux en qui l’instinct de punir est fort !
C’est une mauvaise engeance et une mauvaise race : leurs traits laissent voir le limier et le bourreau.
Méfiez-vous de tous ceux qui parlent beaucoup de leur équité. En vérité, leurs âmes ne manquent pas seulement de miel.
Et quand ils se nomment eux-mêmes “les bons et les justes”, n’oubliez pas que pour devenir des pharisiens, il ne leur manque que le pouvoir !
Mes amis, je ne veux être ni mélangé ni confondu avec d’autres.
Il y en a qui prêchent ma doctrine de la vie : mais en même temps, ce sont des tarentules et des prêtres de l’égalité.
Elles parlent en faveur de la vie, ces araignées venimeuses, bien qu’elles soient tapies dans leurs trous et à l’écart de la vie : car c’est ainsi qu’elles veulent faire du mal.
Elles veulent faire du mal à ceux qui ont maintenant le pouvoir : car c’est chez ceux-là que la prédication de la mort se trouve encore le plus à son aise.
S’il en était autrement, les tarentules enseigneraient autre chose : car autrefois ce sont elles qui surent le mieux calomnier le monde et brûler les hérétiques.
Je ne veux être ni mélangé ni confondu avec ces prédicateurs de l’égalité. Car ainsi me parle la justice : “Les hommes ne sont pas égaux”.
Et ils ne doivent pas non plus le devenir ! Que serait donc mon amour du Surhomme si je parlais autrement?
C’est par mille ponts et mille chemins qu’ils doivent se hâter vers l’avenir, et il faudra mettre entre eux toujours plus de guerres et d’inégalités : ainsi me fait parler mon grand amour !
lls deviendront les inventeurs de statues et de fantômes dans leurs haines ; et avec leurs statues et leurs fantômes ils livreront entre eux leur suprême combat !
Bon et mauvais, riche et pauvre, et haut et bas, et tous les noms que portent les valeurs : ils deviendront des armes et des symboles sonnants annonçant que la vie doit toujours se surmonter elle-même !
La vie elle-même veut s’élever sur des piliers et sur des marches : elle veut découvrir des horizons lointains et explorer des beautés bienheureuses, – c’est pourquoi il lui faut les hauteurs !
Et comme il lui faut les hauteurs, elle a besoin de marches, et de la contradiction qui oppose les marches à celui qui monte ! La vie veut s’élever et se surmonter en s’élevant.
Et voyez donc, mes amis ! En ce lieu où se trouve le trou de la tarentule s’élèvent les ruines d’un vieux temple – regardez donc avec des yeux illuminés !
En vérité celui qui jadis amassa ses pensées ici pour en faire une tour de pierre, celui-là connaissait le secret de la vie comme le plus sage d’entre les sages !
Que la lutte et l’inégalité, que la guerre pour le pouvoir et la suprématie soient même dans la beauté : c’est ce qu’il nous enseigne ici par le plus clair des symboles.
Comme voûtes et arceaux se brisent divinement dans la lutte : et comme ils se battent avec leur ombre et leur lumière, ces divins combattants.
Soyons donc ennemis en toute certitude et en toute beauté, ô mes amis ! Nous lutterons divinement les uns contre les autres !
Hélas ! J’ai été moi-même mordu par la tarentule, ma vieille ennemie ! Elle m’a divinement mordu le doigt, en toute certitude et en toute beauté !
“Il fatu qu’il y ait un châtiment et une justice – pense-t-elle ; ce n’est pas en vain qu’il chantera ici les louanges de l’inimitié ! ”
Oui, elle s’est vengée ! Eh hélas ! Voici qu’elle me fera tourner l’âme avec sa vengeance !
Afin que je ne tourne pas, mes amis, liez-moi solidement à cette colonne ! J’aime encore mieux être un stylite qu’un tourbillon de vengeance !
En vérité, Zarathoustra n’est pas un tourbillon et une trombe et s’il est danseur, il ne dansera jamais la tarentelle !
Ainsi parlait Zarathoustra.”
Quel bel extrait, merci Caroline!
Merci Marie Soleil pour ce partage ,Je vis la même chose et bien je met de l amour sur mes blessures et me dis Louisa c est le meilleur pour toi .
Quand une porte se ferme une autre s ouvre , alors j accueille pour laisser la place au nouveau ,et si je résiste la souffrance devient de la colle GLU.
Je regarde le film se dérouler et me dit Je Suis le tout . Amour et Lumiere Louisa ????
Magnifique philosphie de vie, chère Louisa!